La boxe internationale en 1958






  • 18 août : À Los Angeles, le boxeur américain Floyd Patterson conserve son titre de champion du monde des poids lourds, en battant son compatriote Roy Harris au 12e round.
  • 4 octobre : Le boxeur allemand « Bubi » Scholz devient champion du monde dans la catégorie des poids moyens, en battant le Français Charles Humez, par k.o. au 12e round.
  • 10 décembre : Le boxeur américain Archie Moore va au tapis quatre fois, mais reste champion du monde des lourds-légers en battant par k.o., au Forum de Montréal, le Canadien Yvon Durelle.




·       Champion olympique des poids moyens en 1952 à Helsinki, il est en 1956 le 1er champion olympique à devenir champion du monde des poids lourds (et le plus jeune puisqu'il n'a alors que 21 ans).
·       Après une série de défenses victorieuses de son titre, il est battu par le Suédois Ingemar Johansson en 19591. Il prend sa revanche l'année suivante2, victoire qu'il confirme lors de leur 3e affrontement en 19613. En 1962, il perd à nouveau son titre, cette fois face à Sonny Liston4. Il échouera ensuite à toutes ses tentatives de reconquête du titre poids lourds. Une défaite face à Muhammad Ali le convaincra à 37 ans de se retirer des rings5.
·       Il est l'inventeur du Gazelle Punch, uppercut dévastateur lancé avec une propulsion sur les jambes, souvent utilisé comme contre lors d'une esquive d'un coup de poing à la tête en se baissant et en pivotant ses jambes pour se positionner, et utiliser ses jambes pour se propulser en l'air et sortir ce coup de poing généralement dans le menton (comme un saut de gazelle). Lancé par le bas et d'une force fulgurante, puisque la vitesse du coup s'amplifie grâce à l'impulsion des jambes, ce coup est utilisé pour mettre KO, ou pour mettre un Panic Down à l'adversaire. Viser au menton secoue le cerveau et empêche l'adversaire de se relever dans la plupart des cas.
·       Il est aussi l'auteur en collaboration avec Bert Randolph Sugar de Basic boxing skills sous-titré A Step-By-Step Illustrated Introduction To The Sweet Science, un livre sur les bases techniques de la boxe, illustré de dessins et de photographies en noir et blanc.



·       Ingemar Johansson (Surnom : Ingo)

·       Boxeur doté d'une droite particulièrement redoutable, son principal atout sur le ring, il se retrouve en 1952 en finale olympique des lourds (JO d'Helsinki) mais est disqualifié pour manque de combativité. Sa carrière est cependant relancée quand il met KO, d'une droite foudroyante, l'américain Eddie Machen et devient ainsi un challenger crédible pour Floyd Patterson. Il devient champion du monde de boxe poids lourds en 1959 après avoir battu Patterson.
       Mais Ingemar est un noceur. Après son titre il mène la grande vie, grossit rapidement et collectionne les conquêtes féminines. Cette dispersion nuit à sa préparation et il est vaincu par Patterson en 1960 puis, dans une belle de toute beauté (au premier round les deux protagonistes vont successivement au tapis), en 1961.
·          Johansson est élu boxeur de l'année par Ring Magazine en 1958 et 1959.



Sugar Ray Robinson

Walker Smith Jr fréquente très tôt la salle du Crascent Atlhetic club d’Harlem où sa famille a migré. À 15 ans, il combat pour la première fois en amateur, dans la catégorie mouches, et ce malgré le refus de sa mère. Pour ce faire, il boxera sous le nom de « Ray Robinson » grâce à une licence que son manager, George Gainford, utilise alors que son titulaire vient d’abandonner les rings quelque temps auparavant.
Après un titre aux Golden Gloves en poids plumes, Sugar Ray, dont le palmarès porte à discussion (certains le créditent d’un palmarès amateur parfait alors que d’autres pensent qu’il a connu deux revers face à Billy Graham), effectue ses débuts professionnels au Madison Square Garden de New York le 4 octobre 194028 à la même affiche que le choc mondial des welters entre Henry Armstrong et Fritzie Zivic. Dès septembre 1941, Ray Robinson progresse si rapidement qu’il est déjà classé dans les plus sérieux prétendants à ce titre. Élu boxeur de l’année 1942, il enchaîne 32 nouvelles victoires (22 avant la limite) notamment sur deux ex-champions : Zivic29 et Angott ou sur l’espoir Marty Servo.
Jake LaMotta mit fin à son impressionnante série de victoires (40 en pro et 135 en amateur) le 5 février 194330.
Il devient champion du monde des poids welters le 20 décembre 1946. Il conserve son titre jusqu'en 1951. Il passe alors en poids moyens, catégorie dans laquelle il remporte le titre mondial dès le 14 février 1951 face à Jake LaMotta lors de la 13e reprise. Il perd son titre le 10 juillet 195131 puis le regagne dans la foulée le 12 septembre face à Randy Turpin32. Déjà élu boxeur de l'année en 1942, il est à nouveau désigné meilleur boxeur de l'année en 1951. Il conserve son titre en 1952, battant notamment Rocky Graziano sur KO dès la 3e reprise. Sugar Ray tente de remporter le titre mondial dans une troisième catégorie, les mi-lourds, mais il est battu le 25 juin 1952 par Joey Maxim, incapable de reprendre le combat à la 14e reprise. Il annonce ensuite sa retraite le 18 décembre 1952.
Il est de retour sur les rings à la fin de l'année 1954 et regagne le titre mondial des poids moyens le 9 décembre 1955. Il perd ce titre le 2 janvier 1957 face à Gene Fullmer, mais le regagne lors de la revanche le 1er mai 1957 sur un crochet du gauche à la cinquième reprise33. Il en va de même face à Carmen Basilio qui le bat le 23 septembre 1957 mais


perd le 25 mars 195834. Il perd ensuite son titre le 22 janvier 1960 face à Paul Pender35 et s'incline également lors de la revanche.
Ray entame ensuite la longue liste de ses combats en « trop ». Devant Fullmer en mars 1961, puis Giardello en juin 196336. Afin de résorber ses dettes fiscales, il boxe à travers l’Europe et les États-Unis, réduit tel son ombre, à combattre des espoirs ou « seconds couteaux » pour moins de 700 dollars… Il dispute son dernier combat le 10 novembre 196537. Sa carrière professionnelle s'étend ainsi du 4 octobre 1940 au 10 novembre 1965.
Ray tournera quelques films, puis ouvrira un night-club à Harlem, avant que le fisc le lui saisisse, et créera une fondation afin d’aider les jeunes déshérités. Il décède le 12 avril 1989 à Culver City près de Los Angeles, des suites de la maladie d’Alzheimer38.

Style et influences

Idéalement proportionné, Sugar Ray Robinson combinait puissance, vitesse et précision. Styliste à la pureté rarement égalée, il pouvait se transformer en redoutable frappeur. Jack Newfields analyse « Tout ce qu’on rêve d’avoir entre les cordes, Ray Robinson le détenait. L'aisance gestuelle, le délié du jeu de jambes, la fluidité et la précision des jabs, l’élégance dans ses déplacements, la foudre dans ses deux poings, le sens inné des esquives et la science des feintes, la vitesse d’exécution, et le geste juste au moment crucial. Tout un rêve ! ». Défensivement, Ray utilisait tout le ring grâce une fabuleuse mobilité. Son habileté à bloquer ou à éviter les coups aurait sans doute rendu jaloux l’immense Jack Johnson.
Jamais mis réellement hors combat avant la limite, ses quelques voyages au tapis (10: seuls Grispos, LaMotta, Levine, Bell, Villemain, Graziano, Giardello, Wilf Greaves à deux reprises et Archer lors de son ultime sortie réussirent cet exploit !) prouvèrent qu’il possédait également une grande capacité de récupération.
Souvent considéré comme le plus « parfait » combattant de l’histoire, sa boxe dépassait les notions de beauté et de magie. Même Mohamed Ali (qui était venu le supplier de devenir son manager avant son tournoi olympique de Rome, et qui lui servit bien plus tard (en mars 1965) occasionnellement de soigneur!) avoua : « Ray Robinson a été l’unique boxeur meilleur que moi de toute l’histoire. À une époque où ses adversaires potentiels étaient des vrais durs (Servo, Zale, LaMotta, Cerdan, Graziano, Fullmer, Basilio …), Ray transforma ce sport brutal en véritable art ».

 

 

Yvon Durelle (acadien)

 

Yvon Durelle, originaire de l’Acadie, fait ses premières armes dans le domaine de la boxe afin d’épater ses frères. Dès son premier combat, il se découvre un talent naturel qui le pousse à participer à des matchs de plus en plus importants.

Bientôt, les victoires se succèdent et lui permettent de se tailler une place dans le monde de la boxe. En 1958, il accède au championnat du monde où il espère détrôner le détenteur du titre tant convoité : Archie Moore. Malheureusement, l’arbitre concède la victoire à son adversaire, une décision encore controversée auprès de ses admirateurs.



À la suite de sa défaite, sa carrière bat de l’aile et il doit bientôt se résigner à prendre sa retraite. Il demeure toutefois une véritable idole pour tout le peuple acadien.
En 1948, sa carrière débute véritablement et il accumule les victoires, ce qui lui vaudra le surnom de « fighting fisherman ».
Après avoir récolté les honneurs lors du championnat des poids moyens, Yvon Durelle affronte des boxeurs de toute l’Amérique du Nord. Il se classe parmi les meilleurs au monde et on ne parle que de lui dans son Acadie natale.

Le 10 décembre 1958, il affronte Archie Moore pour le titre de champion du monde et sera vaincu. Même s’il continuera à livrer des combats par la suite, sa carrière ne connaîtra plus de moment fort. Toutefois, le souvenir de cette idole acadienne persiste encore chez les amateurs de sport acadiens.


















La boxe en France


BOXE FRANCE

Charles Humez

Charles Humez est un boxeur français né le 18 mai 1927 à Méricourt (Pas-de-Calais), et décédé le 11 novembre 1979 à Bois-Bernard (Pas-de-Calais). Il est inhumé à Fouquières-Lez-Lens1.



·       Humez a été formé à l'école héninoise par Bernard Capon et Louis Sion. En 1945, il obtient son premier titre de champion de France en amateur. A Chicago, en 1948, il remporte les fameux « gants d'or » de sa catégorie.
·       Professionnel la même année, il devient vite le meilleur boxeur européen des poids welters. Il dispute 103 combats professionnels, obtenant 94 victoires dont 47 avant la limite. Il doit arrêter sa carrière après une grave blessure lors d'une défense de son titre de champion d'Europe des poids moyens disputé à Berlin le 4 octobre 1958 contre Gustav Scholz.
·       Il s'est pendant un certain temps recyclé dans le catch et s'est exhibé notamment à Tunis.



DANTE BINI 

Fait toute sa carrière sportive au Gant d'or de Houilles…

En 1945, âgé de 18 ans, il arrive au Gant d'or, où il suit l'enseignement du Professeur Franco Brondani. Venu avec ses copains pour faire de la culture physique, il se retrouve très vite avec des gants de boxe au bout des bras. Il est doué. Il ne quittera jamais, ni son club d'origine, ni son professeur, jusqu'à la fin de sa carrière sportive en 1958, à 31 ans.

Les champions de cette époque avaient nom Marcel Cerdan, Ray Sugar Robinson, Laurent Dauthuille (le Tarzan de Buzenval), Robert Charron, Robert Villemain, Ray Famechon, Charles Humez…
 A l'issue de sa carrière de champion, Dante passe les examens de professeur de Boxe et prend la succession de Franco Brondani au Gant d'Or.

La période est difficile pour la boxe, qui n'est plus à la mode en France. C'est un sport dur et ingrat où ne réussissent bien que ceux qui ont faim. Malgré la conjoncture défavorable, il prend en charge les élèves du Gant d'Or, parmi lesquels Mouloud Benchakal et Albert Deniel, qui se font un palmarès amateur de bon niveau avant de s'essayer à une carrière professionnelle. Dans les annèes 60, Dante ne peut plus concilier son activité professionnelle, qui exige de nombreux déplacements, et la responsabilité d'enseignant au Gant d'Or. Il passe la main à son élève Albert Deniel.


                             RAY FAMECHON


                                                                (1924-1978) 
Le plus grand poids plume français de l'histoire a eu une vie faite de hauts et de bas. Invaincu dans les rangs amateurs, le Nordistes a eu une brillante carrière professionnelle durant laquelle il a été le roi européen de la catégorie, mais il a échoué à deux reprises dans sa quète de titre mondial. Son après-boxe a été un long calvaire achevé dans le plus profond anonymat.


A Sous-le-Bois, dans le Nord, la vie n'est pas toujours facile. Surtout lorsque l'on naît onzième enfant d'une famille d'ouvriers en 1924. Raymond Famechon est élevé à la dure. Il rêve de ballon rond, mais doit suivre les pas de la fraterie bercée au rythme des rounds des deux aînés, André et Emile, amateurs de bon niveau. Le benjamin de la famille est maigre et dispose de longs bras. S'il persiste en boxe, cela pourrait lui servir. Malgré son certificat d'étude, le benjamin de la famille ne peut échapper au laminoire de Maubeuge. Dix heures par jour. A 12 ans, il n'est déjà plus un enfant. 


La boxe le rattrape aussi, même s'il avouera plus tard ne jamais l'avoir aimée. Il est le cinquième des six garçons de la famille à tâter du sac. Ses deux frères Alfred et Arsène, seront champions du Nord, André deviendra champion de France, Ray sera champion d'Europe et challenger mondial.

Son orgueil le pousse à prolonger son apprentissage sur le ring. Même si ses aînés oublient parfois les liens de sang et lui assènent de terribles corrections à l'entraînement sous les yeux de leur père. Le gamin a des tripes et sait très vite se faire respecter. En compétition aussi. Ses débuts chez les amateurs sont remarqués. A 18 ans, l'enfant des corons devient champion de France des poids mouche en 1942, un titre qu'il défendra victorieusement l'année suivante. Dès lors, son passage chez les professionnels semble indiscutable. Agé de 20 ans, celui qui se fait désormais appeler Ray affiche un palmarès exceptionnel qui ne compte que deux matchs nul en 125 combats !


Invincible lors de ses 24 premières prestations professionnels, il décroche au passage la couronne nationale des plume, en septembre 1945, en battant aux points Paul Dogniaux. Son sacre européen est différé après sa disqualification pour un coup bas assèné au Britannique
Al Philipps. Dix mois plus tard à Nottingham, le 22 mars 1948, il est couronné face à Ronnie Clayton. Ray devient une terreur sur le vieux continent durant quatre années. Ses challengers constatent amèrement sa puissance. Il est temps pour lui de défier le champion du monde.
Ray, qui ne compte que 3 défaites en 61 combats, se met devant la route du fanstatique
Willie Pep. Mais le 17 mars 1950 le Nordiste descend du ring du Madison Square Garden de New York en lançant: «Je viens de passer une heure avec un type sur le ring et je ne l'ai jamais vu». Pep a récité sa merveilleuse prestation de danseur des rings.
Famechon dispose d'une seconde chance mondiale, le 9 février 1953 au Vel d'hiv, devant Percy Bassett. Il est favori, même pour les reporters américains. Des milliers de ch'tis sont descendus à la capitale pour soutenir leur protégé. Mais dans la 3e reprise Ray est piqué au foie et doit abandonner. Il ne sera jamais champion du monde.

Ray Famechon perd aussi son titre européen en octobre de la même année, contraint à l'abandon devant Jean Sneyers (3e). Mais il le reprend au Belge onze mois plus tard, le défend par deux fois, mais doit définitivement le céder à l'Espagnol Fred Galiana lors de l'hiver 55. En treize championnats d'Europe, il n'a connu que deux défaites et a dominé la catégorie des plume durant sept ans.

Mais à 32 ans, Ray Famechon est un boxeur usé après tant de luttes face à de coriaces adversaires comme Sandy Saddler ou Duilio Loi. Sa carrière s'achève un soir d'octobre 1956 à Londres face au jeune Britannique Bobby O'Neill, trop facile vainqueur (aban. 5e) d'un homme au bout du rouleau qui disputait son 114e combat pro. Son compteur reste bloqué à 99 victoires (pour 3 nuls et 12 défaites).

Sa reconversion est un autre combat. Propriétaire d'une blanchisserie à Montmartre, Raymond connaît la faillite et se voit contraint à multiplier les petits boulots. Balayeur à la Gare de Lyon, il est reconnu coupable de vol. Un larçin de 4 000 francs dans le sac à main d'une femme de ménage qui le plonge un peu plus dans la déchéance. Ce geste de désespoir reçoit l'indulgence du juge qui ne le condamne qu'à une amende et un emprisonnement avec sursis.

Pompiste dans une station-service de Chelles, puis laveur de carreaux à l'ORTF dans les années 70, le plus grand poids plume français plonge dans une profonde anonymat. Sa disparition, le 29 janvier 1978, passe inaperçue.
       (Thierry Raynal)

 
PERSONNAGES représentatifs de la boxe en France dans la fin des années 50 :

André Martin

Vice-président de la Fédération française de boxe

Adolescent, André Martin aime, à l’occasion, à faire le coup de poing. Pour canaliser son énergie, Paul Martin, son père, décide qu’il enfilera des gants sur un ring où il pourra à satiété distribuer uppercuts, directs et autres crochets et l’inscrit donc d’autorité au Boxing-club compiégnois (BCC). Nous sommes en 1954, il a 16 ans et sa licence de boxeur porte le numéro 27 764.


Marius Tassart, figure tutélaire de la boxe compiégnoise avec ses 437 combats au compteur entre 1925 et 1947, champion de France dans la catégorie poids plume pendant la Guerre, le prend en main dans l’ancienne église Saint-Pierre-des-Minimes, désaffectée depuis la Révolution et transformée en gymnase. André Martin boxe en amateur dans la catégorie poids léger (60 kg) jusqu’en 1958. « J’étais une petite vedette à Compiègne, sourit-il. J’ai enregistré 23 victoires avant de connaître ma première défaite. » Son titre de gloire, il le conquiert en 1957 en devenant champion d’Ile-de-France.
La guerre d’Algérie vient perturber un début de carrière prometteur. Démobilisé en 1961, il effectue deux saisons en néo-pro sous la houlette d’un nouvel entraîneur, Bernard Paget. De ces années, il conserve cependant de bons souvenirs. Celui entre autres d’avoir boxé dans des réunions avec Wladis Kopec, licencié au Boxing club du Valois, champion de France amateur chez les mi-lourds. « Quand il est passé pro, il a disputé au début des années soixante au Palais des sports à Paris une finale perdue face à Paul Roux du Boxing club de Saint-Quentin au cours d’un beau combat », se souvient-il.
Après six combats sans résultat probant, André Martin raccroche les gants en 1963 et s’installe comme artisan plombier à Pierrefonds, village de la forêt de Compiègne qui l’a vu naître, où il exercera jusqu’en 2004. Il sera également conseiller municipal et adjoint au maire entre 1965 et 1983 année où il conduit sa propre liste pour briguer le mandat


de maire, mais sans succès.Le noble art étant toute sa vie, il entame aussitôt les gants remisés dans un tiroir une carrière de dirigeant qui le propulse, quarante ans plus tard, en 2005 à la Fédération française de Boxe (FFB).

Jean Bretonnel

Jean Bretonnel
(1910-1990)
De ses débuts d'organisateur à l'âge de 15 ans aux Folies-Belleville à son dernier championnat du monde en 1987, il a donné plus de soixante ans de sa vie à la boxe. Jean Bretonnel est l'un des plus grands managers de boxeurs, mais également entraîneur et organisateur. Il conduit les carrière de grands champions français de Villemain à Bouttier, en passant par Diouf, Langlois, Ballarin, Pigout et autres Nollet, Pavilla, Zami et les frères Warusfel.
Jean Bretonnel, c'était un physique à la Gabin, une chemise noire et une gouaille de titi parisien. Bretonnel, c'était aussi «Monsieur Jean» pour ses boxeurs avec qui il avait adopté le vouvoiement réciproque. Jean Bretonnel, c'était enfin un grand entraîneur, un manager de champions à l'écoute de ses protégés.
Né dans le XVIe arrondissement de Paris le 18 janvier 1910, Jean Bretonnel semble se diriger vers une carrière cycliste sous les couleurs du Voltaire Sportif, mais il se passionne pour le noble art où son frère aîné Fred décroche le titre de champion d'Europe des légers en 1924. Il a tout juste 15 ans lorsqu'il devient organisateur de soirées de boxe.


Avec son ami Georges Février, il monte des galas aux Folies-Belleville. Trois ans plus tard, il coiffe la casquette de manager. Ses débuts sont difficiles,


comme la vie qui lui arrache son frère Fred, lequel met fin à ses jours.

Un après-midi, le jeune Bretonnel passe devant un local à louer, près du Central. Quelques semaines passent et le 22 Faubourg Saint-Denis ouvre ses portes sur un club de boxe. Cette salle sera celle de Monsieur Jean durant de nombreuses années. Il y passe des journées complètes à conseiller des débutants comme ceux qui l'ont suivi de sa première salle, rue de Vaugirard, il entraîne les plus assidus, soigne les blessés de la veille, signe des contrats et allume le feu chaque matin d'hiver.


Raymond Lepage est son premier champion de France professionnel (poids lourd) en 1935, suivi de près par Robert Bourdet. Il accueille quelques temps plus tard le Sénégalais Assane Diouf et Omar le Noir qui décrochent également le titre national juste avant qu'éclate la seconde guerre mondiale. Bretonnel est incorporé, c'est son épouse Lucienne, que les boxeurs surnomment «Madame Jean», qui veille sur sa salle.

A la libération, «Monsieur Jean» organise à l'Elysée Montmartre et il traverse le Faubourg Saint-Denis pour implanter sa salle au n°23. C'est là qu'il fait la connaissance de Robert Villemain, le seul à avoir employé

le «tu» avec son professeur. Trois ans après ses débuts professionnels, il apporte à son entraîneur son premier titre européen (poids welters), en février 1947. Le duo découvre alors l'Amérique, l'Eldorado de la boxe, en décembre 1948. Jean Bretonnel y retrouve son père après vingt-cinq ans de séparation et Villemain s'y fait vite un nom, même s'il subit deux premiers échecs devant Belloise et LaMotta sur le ring du Madison Square Garden. Mais il prend sa revanche sur le Taureau du Bronx en décembre 1949. Hélas, ce dernier avait refusé de mettre son titre mondial des moyens en jeu. L'année suivante, Villemain bat Kid Gavilan, mais s'incline à deux reprises devant l'immense Sugar Ray Robinson. Entre-temps, Bretonnel a la douleur de perdre un boxeur, le poids coq Mustapha Mustaphaoui, victime d'une congestion cérébrale des suites d'un combat.

Lorsque Villemain décide de mettre un terme à sa carrière, en 1952, l'entraîneur parisien s'intéresse au Normand Pierre Langlois. C'est à ses cotés qu'il entame une seconde carrière aux Etats-Unis. Jean Bretonnel s'y installe pendant une dizaine de mois avec femme et enfants et laisse la direction de sa salle à Philippe Philippi. Dix boxeurs le suivent. Parmi eux, Jacques Royer-Crécy, Hocine Khalfi et Pierre Langlois lui offre l'une de ses plus beaux coups d'éclat. Son «triple américain» réalisé entre le 14 et 29 mai 1954, respectivement face à Ralph Tiger Jones, Sandy Saddler et Joey Giardello. Il


ne connaît pas en revanche le sacre mondial lors du son premier championnat du monde. Pierre Langlois s'incline sur blessure (11e round) face à Carl Bobo Olson, champion du monde des moyens, le 15 décembre 1954 à San Francisco.

De retour à Paris, Jean Bretonnel accueille Marcel Pigou et Germinal Ballarin dans son équipe et héberge Laszlo Papp. Son écurie grossit avec l'arrivée des Antillais Théo et Fernand Nollet, Antoine Martin et François Pavilla. Puis, c'est le temps des Nordistes avec les frères Warusfel, Ildefonse, Jean-Claude et Georges. Roger Zami et Jean-Baptiste Rolland deviennent ensuite ses élèves, avant un certain Jean-Claude Bouttier. Le Mayennais lui offre le titre européen des moyens, mais échoue à deux reprises, face à l'Argentin Carlos Monzon, pour la ceinture mondial. Jean Bretonnel découvre le Basque Jean Mattéo et lance les carrières de Louis Acaries et Pierre Joly. En mars 1987, il est dans le coin de Saïd Skouma qui lui offre une dernière chance de décrocher une ceinture mondiale, le seul trophée qui manquera à jamais à son palmarès. Avec Michel Boivin, il ouvre la salle parisienne du 1er et 2e. Une dernière initiative avant de s'éteindre le 14 février 1990 à l'âge de 80 ans.
































Ressources :

Une version romancée du film de Carné, de Jean Nery :



le  livre de Jean Bretonnel :




Le livre de  Fernand Vianey:












 

DIM DAM DOM



En 1965, Daisy de Galard est journaliste au magazine Elle. Cette jeune femme, née en 1929, n'a aucune expérience de la télévision mais connaît bien le public féminin. Selon un sondage de l'Ifop, à peine 30 % de ses lectrices ont fait des études secondaires ou supérieures, 21 % travaillent et 79 % sont des «ménagères».
Si la société gaullienne reste profondément conformiste et patriarcale, l'émancipation du deuxième sexe est néanmoins en marche. La réforme du régime matrimonial de 1804 vient de passer : les femmes peuvent gérer leurs biens elles-mêmes, ouvrir un compte en banque et exercer une profession sans l'autorisation de leur mari. Cette même année, Claude Contamine, directeur de l'ORTF, demande à Daisy de Galard de créer une émission destinée au public féminin.
Ce magazine va naître quasiment en même temps que la deuxième chaîne de télévision. Claude Contamine lui donne carte blanche et lui accorde un gros budget sans aucune clause d'audience. Daisy de Galard, qui n'a nullement l'intention de produire une copie servile et mièvre des programmes féminins de l'époque, a l'intelligence de s'entourer de gens qui ne font pas partie du sérail de l'ORTF. Elle recrute de jeunes cinéastes avant-gardistes (Jacques Rozier, Agnès Varda, ...), prend pour scénaristes Michel Polac, Roland Topor, Remo Forlani. Et débauche des photographes de mode du magazine Elle (Peter Knapp, Fouli Elia). Enfin, elle confie à Michel Colombier, arrangeur des œuvres de Gainsbourg, le soin de composer l'indicatif musical (The Big Team) de l'émission. Une petite musique pop et acidulée, dont le succès fut tel qu'elle devient en 1968 l'indicatif de la première publicité pour les collants Dim et qu'elle deviendra, la même année, une chanson de France Gall (Dady da da) sur des paroles de Pierre Delanoë.
Quant au titre de l'émission, trois syllabes en condensent le concept. «Dim» pour dimanche, jour de diffusion du programme, «Dam» parce qu'elle s'adressait aux dames et que c'est une femme qui la produisait, «Dom» parce que des rubriques masculines étaient prévues et que c'était un homme, Claude Contamine, qui était à l'origine du projet.
Dès sa première diffusion, «Dim Dam Dom» fait mouche et va, un dimanche par mois, attirer les téléspectateurs devant leur écran. Entre 1965 et 1971, 70 émissions seront produites. L'esprit est anticonformiste, le ton enlevé, la forme décalée. L'émission, qui dure environ une heure, se compose d'une dizaine de séquences courtes mixant les genres et les sujets. Daisy de Galard ne se contente pas de décaper la mise en scène de thèmes dits féminins comme la mode et la beauté mais donne à voir le quotidien socio-économique des femmes des années 1960, peu montré jusqu'alors sur le petit écran.
Dès le premier numéro, Marcelle Auclerc interviewe une infirmière en psychiatrie sur ce que lui apporte son métier tandis qu'Anne Philipe s'interroge sur ce qui peut bien se passer dans la tête d'une femme enceinte. Dans le même temps, l'émission invente un nouveau langage télévisuel en multipliant les effets de distanciation pour capter l'attention du téléspectateur. Mannequins décadrés sur fond blanc, défilés de haute couture avec des commentaires décalés, plans au ralenti ou en accéléré, «Dim Dam Dom» s'affranchit de la forme pour en dégager du fond.
Au-delà de ces trouvailles, «Dim Dam Dom» frappe par l'excellence de son contenu, par son bouillonnement culturel continu alimenté par des artistes, des écrivains, des intellectuels de tous bords. Qui oserait dans le paysage audiovisuel français actuel prendre Jeanne Moreau comme speakerine, demander à Marguerite Duras d'interviewer un millionnaire qui a fait fortune dans les voitures d'occasion, confier à Agnès Varda le soin de filmer une scène de ménage entre Elsa Triolet et Louis Aragon ?
Du temps de «Dim Dam Dom», la télévision n'avait pas encore inventé la vulgarité, la culture n'était pas un gros mot mais un moyen d'enrichir l'individu quel que soit son niveau d'éducation. Si près de cinquante ans plus tard, cette émission est toujours aussi culte, c'est parce qu'elle a véritablement su offrir de «grands moments de télévision», sans équivalent aujourd'hui.
Perle mémorable, l'interview en 1968 d'Yves Saint Laurent fustigeant le goût bourgeois. Ou encore, la même année, celle de Gabrielle Chanel dont la liberté de ton serait interdite d'antenne aujourd'hui. Interrogée par Jacques Chazot, la Grande Mademoiselle est d'une misogynie sidérante : «Les femmes qui portent la culotte, ça me dégoûte ! Je crois à leur faiblesse, pas à leur force. Elles ne sont pas heureuses dans une époque comme celle-ci parce qu'on ne les aime pas. Et une femme qui n'est pas aimée est une femme nulle !»
En février 1971, Nicoletta présente le dernier numéro de «Dim Dam Dom». Daisy de Galard s'en explique alors ainsi : «Il faut savoir s'arrêter.» On se demande encore pourquoi.

Le Scoubidou

Le Scoubidou

Le scoubidou est apparu dans les années 60 et doit apparemment son nom à la célèbre chanson de Sacha Distel "Scoubidou". Mais d'où vient ce nom bizarre?

En fait, il est issu d'une onomatopée fréquemment utilisée par les chanteurs de jazz, ce qu'était Sacha Distel à la base: scoo bi doo bi ooh ah ! 

A l'époque, il est habituel pour les chanteurs français de reprendre des chansons anglaises. Sacha Distel traduit donc une oeuvre de Peggy Lee mais alors que dans la chanson originale, la fille vendait des "Apple, peach and sherry", il décide de dire qu'elle vend "des pommes, des poires et des scoubidou". La chanson est surtout composée à la va-vite pour combler un trou de cinq minutes dans un récital donné en décembre 1958 à Alger.

Un soir, un groupe de fans s'introduisirent dans la loge de Sacha et lui donnèrent un objet fait de fils électriques, qu'ils avaient baptisé "scoubidou" en hommage à sa chanson. Et le phénomène était né.

Le scoubidou est un objet kitch et multicolore qu'on réalise grâce à un savant tressage. C'est la firme française Folioplast qui produit, depuis les années 50, ces fils de scoubidou. Ils en existaient de toutes les couleurs: rouge, bleu, vert, blanc, noir, gris, jaune, orange, rose...

Si à l'époque, on pouvait en acheter dans toutes les boulangeries, désormais il faut se tourner vers les magasins spécialisés pour en trouver. Le but était de faire des objets avec ces fils afin notamment d'en faire des portes clefs.

Sa chanson "Scoubidou" a eu un tel succès au moment de sa sortie que les petits-fils du général de Gaulle avaient accroché les petits gadgets tressés aux clés des portes de l’Elysée.

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Le porte-clef


 Le porte-clef


"A tout acheteur d'une Ferrari, un porte-clés en émail et cuir de la marque offert ! " Dans les coulisse des 24 heures du Mans, en ce mois de juin 1966, des collectionneurs venus de toute la France ont attendu pour récupérer gratuitement des exemplaires offerts à des sponsors de la marque. C'est la conséquence d'une mode qui à commencer à déferler en 1965 sur la France.
On estime alors qu'il y a à l'époque plus de deux millions de copocléphiles. La mode est telle qu'un garçon de 20 ans, Paul-Loup Sulitzer, a crée un un mensuel, l'O.B.I (Officiel des Bourses Internationales de porte-clés) dont le premier numéro s'est vendu à plus de 200.000 exemplaires. Tous les dimanche matins à la Maison de la Radio, au cours de l'émission "Entrée Libre" de Jean Garetto et Pierre Codou, des amateurs de tous âges se retrouvent pour échanger leurs doubles. Cette Bourse se poursuit le lendemain au Bar Romain, à côté de l'Olympia.
Plus de 500 millions de porte-clés ont été crées pendant les années 60. Tout vrai collectionneur doit alors respecter les règles. La première est de ne pas s'intéresser qu'aux porte-clés publicitaires, sans la moindre valeur marchande. la seconde règle est d'accrocher sa collection à un panneau et de la classer par thème : profuits alimentaires, marques d'essences, télévision...
La maison Bourbon qui fabriquait certains de ces porte-clés les définit comme les "joyaux des collectionneurs". Ils se caractérisent par une inclusion à l'intérieur de plexiglas. Leurs formes et leurs dimensions sont variées. On distingue : les fixes et les mobiles. Ces derniers contiennent une cavité remplie d'huile dans laquelle bouge un minuscule objet. La maison Bourbon a fabriqué environ 3000 porte-clés dans les années 60. Parmi les plus célèbres et recherchés : l'électrophone Teppaz, le camion Berliet sortant de son garage, l'homme des vœux Bartissol...

Interlude: le train rébus.

le train rébus 



Parce que la télévision déraille souvent, les speakerines jouent les hôtesses de bord, offrant leur sourire enjoleur et quelques mots rassurants dans le train-train chaotique des programmes.
A ces dépanneuses d'images s'ajoutent comme un symbole de toute une génération de téléspectateurs, un vrai petit train télévisé avec bruitage incorporé : le train rébus.
Le "petit train interlude", ou "petit train rébus", apparaît pour la première fois à la télévision le 15 septembre 1960, dans des petits films réalisés par Maurice Brunot.
Bricolé dans son atelier aménagé en studio (au départ en studio, puis filmé en extérieurs), cette maquette de train dont chaque wagon porte un morceau de rébus, défile sur l'écran pour faire patienter le téléspectateur avant de l'embarquer vers une nouvelle émission.
Lorsque toutes les images ont été vues, il passe devant une gare portant le panneau "la solution", puis la solution est donnée. Ce petit train est le joker de la chaine : incrustation mobile, création mobile...
Il connait son heure de gloire dès sa création, en 1960 au point d'inspirer les marchands de jouets en bois ou de fabricants de boites à bonbons multicolores.
Pour ses promoteurs, il sert surtout à enchainer les émissions à la seconde quand il faut 12 secondes d'attentes entre l'annonce de la speakerine et l'apparition de la première image, le tout sur un thème musical plein de légèreté : Endlessly...
En 1963, il devient le "petit train de la mémoire". Ce n'est plus un rébus qu'il faut résoudre, mais un objet à retrouver à partir d'un dessin décomposé en plusieurs parties à superposer mentalement.
En 1963 toujours, le petit train rébus fait l'objet d'une adaptation hebdomadaire dans les pages jeux du journal "Pilote".
A partir de 1974, il n'y aura plus de petits trains. Les interludes disparaissent définitivement de la télévision.