Par Annie le 12 janvier
2009
Le hasard m’a fait tomber sur « Journal d’une femme en blanc »
d’André Soubiran, médecin et romancier. Le livre a été écrit en 1963 et
1964. C’est une sorte de mine ou j’ai retrouve concrètement mise en scène la
vie de l’époque ; je vais vous donner quelques extraits concernant la contraception et l’avortement régit par la loi de
1920. Cette loi avait été votée après la guerre de 1914-18 pour repeupler la
France, elle interdisait toute information sur la contraception et punissait de
prison tout avortement. Un médecin qui contrevenait à cette loi était interdit
d’exercer et puni de prison. Le procès se faisait en correctionnel pour être sûr
qu’un jury d’assises composé de citoyens qui en vivaient dans leur chair les conséquences,
n’allait pas être indulgent et laisser sortir libres les prévenu/e/s. Il était
décompté 500 000 avortements [chiffre déduit, car étant interdits et donc
clandestins...sauf pour celles qui atterrissaient en urgence à l'hôpital] [la
France comptait 46 millions d'habitants INSEE] chaque année dans des conditions
d’hygiène et d’intervention innobrables ; beaucoup en mouraient, d’autres
restaient infirmes à vie, ou stériles.
« J’ai vingt-six ans. Je me
suis mariée à dix-sept ans. A vingt ans j’avais déjà deux enfants. Aujourd’hui
j’en ai six. J’avais toujours dit que j’en voulais plusieurs [...] Mais, six
enfants en huit ans c’est trop, ca dépasse les forces ! Je sens que je deviens énervée,
hargneuse. [...] ca fait toujours du bruit, surtout en hiver, enfermées dans deux pièces. [...] jamais une minute de
repos ! [...] Du matin au soir, toujours du travail ! [...]« Si j’ai tout
de suite un autre enfant, j’irai me jeter à la mare. » Elle a prononée
toute la phrase sans hausser la voix, d’un ton très doux de petite fille sage,
bien plus effrayant qu’un éclat. [...]« Je n’oserais pas le demander à M.
Ferrieres. Les docteurs ils vous demandent de ne plus avoir d’enfant, mais ils
n’expliquent jamais comment il faut faire. Tandis qu’avec vous, qui êtes une
doctoresse, ce n’est pas la même chose. Tout ca, c’est des histoires de femmes.
S’il y avait beaucoup de doctoresses, sans doute qu’on oserait en parler et que
ca irait mieux » [...]
Quelques rappels des conditions de
logement – toujours début des années 1960 – :
· …dans
une chambre encombrée d’enfants et sans eau courante [ou bien sur la lessive se
faisait à la main]…
· Monique
D. mariée à dix-huit ans, mère de quatre enfants, obligée de partager avec ses
beaux-parents et le ménage de sa belle-soeur trois pièces pourvues d’un seul
robinet d’eau, d’un seul fourneau.
· les
jeunes couples citadins se logeaient en hôtel avec interdiction d’avoir un
enfant, sinon ils étaient vidés, et devaient déménager chaque semaine en vertu
d’une loi qui au bout de deux semaines obligeait l’hôtelier à leur faire un
contrat de location.
La femme médecin, Claude, est durant
ses années de médecine et son internat aux prises quotidiennes avec les mépris,
moqueries, grivoiseries des autres médecins hommes ceux-là : une femme faisant
des études de médecine dans le but d’exercer et non de trouver un mari-médecin,
était rare et devait avoir la volonté bien accrochée.
A suivre des extraits des
controverses pour et contre la loi de 1920 qui agitaient : l’ordre des médecins,
l’église, les journaux et les consciences. Rappel la contraception fut autorisée le 28 décembre
1967 par la loi Neuwirth et l’avortement par la loi Veil le 17 janvier 1975.
Alors ceux qui n’ont pas compris le mot d’ordre de 1968 « interdit
d’interdire » n’ont qu’à aller se faire voir ailleurs…
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